La recette du succès du boulanger Thierry Loy au pays de la focaccia

A six mois de son ouverture, la boulangerie « Egalité » de Thierry Loy a conquis Milan. Un défi relevé au-delà des attentes de cet artisan boulanger, entrepreneur dans l’âme.

C’est un réel coin de France qu’a offert Thierry Loy aux quelque 25.000 Français de Milan. Depuis l’ouverture de la boulangerie Egalité en avril 2017, le 22 via Melzo est devenu le point de repère des Français en mal de baguette. Mais aussi des Italiens qui ont appris à l’aimer. « Les Italiens n’ont pas cette culture du pain que nous avons. Ils préféraient d’ailleurs au départ les viennoiseries, aujourd’hui ils ressortent avec leur baguette ! », affirme Thierry Loy avec un brin de fierté.
Le boulanger, breton d’origine, ne connaissait pas vraiment Milan avant de s’y installer courant 2017. Mais, guidé par une fibre entrepreneuriale, le Français de 55 ans n’en était pas à son premier changement de vie. Il n’a endossé sa veste blanche de boulanger que relativement récemment, il y a 15 ans.

Il a en effet débuté sa carrière dans l’entreprise familiale d’ébénisterie, « plus parce que son entourage pensait que c’était la voie qui lui était toute tracée que par envie », raconte-t-il. Mû par sa passion pour le modélisme et par son envie d’entreprendre, il a finalement quitté l’entreprise familiale où entre-temps, il avait créé un show room. Il devient alors vendeur dans un magasin de modélisme avant de posséder son propre magasin, qu’il revendra 4 ans plus tard. Un projet à la fois ne lui suffisant pas, il devient par ailleurs organisateur de championnats de France de modèles réduits de voiture, en parallèle de sa nouvelle activité de commercial.

A l'époque, je savais seulement manger du pain

Puis, fatigué par les kilomètres parcourus à travers la France, animé par le désir de relever un nouveau défi, il change de vie. Une nouvelle fois. Direction un petit village des Hautes-Alpes avec sa famille, Molines-en-Queyras. Il y rachète un fonds de commerce pour en faire une boulangerie-salon de thé et offrir du pain toute l’année aux 300 habitants qui y résident. Sauf que Thierry Loy n’est pas boulanger. « A l’époque, je savais seulement manger du pain », s’amuse-t-il à raconter. Il retrousse alors ses manches, s’inscrit à l’école Banette d’où il ressort 4 mois plus tard, son diplôme de maître boulanger en poche.

Du succès fulgurant de sa boulangerie « Les Quariates », s’enchaînera l’ouverture de deux autres boulangeries situées dans les environs.
Sa soif d’entreprendre, toujours animée par ses passions et son envie de partage, le conduisent parallèlement à mettre sur pied, dans le petit village de Molines, le plus grand salon européen du modélisme. Et depuis les années 2000, le salon rassemble sur 3 jours, plus de 5.000 personnes venues de toute l’Europe.

De Molines à Milan

Cette ingénieuse idée de traverser les Alpes pour exporter son pain en Italie, Thierry Loy n’y aurait pas pensé par lui-même, concède-t-il.  C’est l’un de ses fidèles clients milanais, Tiziano Vudafieri qui l’en a convaincu lors de ses séjours à Molines. Au début, il était quelque peu dubitatif : « Je ne comprenais pas pourquoi il n’y avait pas de boulangerie française dans une ville si dynamique comme Milan ». Attiré par le défi – et considérant l’importante communauté française de Milan -, il vend ses trois boulangeries et saute le pas en septembre 2017, en conservant tous ses fournisseurs français.
Son associé, l’architecte Tiziano Vudafieri se charge du design, Thierry Loy apporte son savoir-faire. Le nom était tout trouvé : Egalité, comme celui de son pain réalisé avec plusieurs farines. Une référence à un pain datant de la Révolution française qui mélangeait « la farine des riches et celle des pauvres ».
Son point fort : la qualité de son pain bien-sûr, sept variétés différentes dont un type de pain qui change chaque jour. Sa générosité aussi : « Le métier d’artisan est fabuleux, on fabrique pour offrir, pour partager et j’adore le contact direct avec les gens ». Lorsqu’il n’est pas en train de ranger les baguettes, veiller à la bonne disposition des quiches, chouquettes et autres viennoiseries, il passe du four à la salle, discute avec les clients ou enseigne les secrets du métier de boulanger aux enfants lors d’ateliers régulièrement organisés.

Résultat, quelques mois après son ouverture seulement, Milan se ravitaille en pain chez Egalité, des écoles aux restaurants jusqu’aux hôtels. Et contre toute attente : « 90% de la clientèle est italienne », assure-t-il, satisfait de cette conquête.
Et comme le maître boulanger parle en kilos de farine pour exprimer son essor, il explique qu’il est passé de l’utilisation de 60 kilos par jour à 200 kilos aujourd’hui.

Si des investisseurs lorgnent déjà sur son succès pour l’inciter à s’installer à l’étranger, Thierry Loy entend avant tout consolider et poursuivre son aventure milanaise. A venir courant 2019 : l’ouverture d’une deuxième boulangerie « à la française » cette fois, tout aussi conviviale mais sans la partie bistrot. Et dans le quartier dit « français », où il est fermement attendu.

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